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ASSOCIATION DES ANCIENS ELEVES DE L’INSTITUT PASTEUR

Visioconférence du 30 mars 2017

 

Les vaccins pour usage vétérinaire : Évolution de l’époque de Pasteur à nos jours, Caractéristiques, Particularités, Perspectives

Jean-Marc Person
Docteur-Vétérinaire, ancien professeur des Écoles Nationales Vétérinaires de Nantes et d’Alfort

La médecine vétérinaire s’est structurée au XVIIIe siècle autour des grandes maladies contagieuses animales alors que la médecine de l’homme connaissait une évolution considérable. Les deux médecines ont depuis largement coopéré et la vaccinologie est un bel exemple des synergies résultant de cette coopération.

Évolution : 1796 : JENNER propose le remplacement de l’inoculation variolique, assez risquée, parfois létale par la vaccination (utilisation de Variola vaccina) pour protéger l’homme de la maladie contagieuse majeure du temps. La vaccination, née de l’empirisme, n’eut pas de prolongements immédiats, ni chez l’animal, ni chez l’homme. 1875-1880 : une conjonction de progrès scientifiques et techniques auxquels les vétérinaires participèrent conduisent Pasteur à conceptualiser la notion et à proposer le mot même de vaccin pour désigner toute préparation utilisée pour induire un état de protection vis-à-vis d’une maladie infectieuse humaine ou animale. L’apport décisif de Pasteur fut de concevoir une théorie et, dans le même temps, d’élaborer des souches microbiennes atténuées démontrant la pertinence de sa théorie. Les premiers vaccins expérimentés sont des vaccins pour usage vétérinaire (choléra aviaire, charbon bactéridien, rouget du porc) ou mixte (vaccin rabique). Pouvoir expérimenter directement sur l’animal-cible y fut pour beaucoup. Cette possibilité a longtemps donné aux vaccins vétérinaires et à l’expérimentation animale un rôle important dans l’élaboration et le contrôle des vaccins pour usage humain. D’abord bactériens, les vaccins n’ont été développés pour les virus qu’après 1950, pour des raisons techniques liées aux difficultés de leur culture pour une production industrielle. Là encore, les vaccins vétérinaires font figure de pionniers (vaccins aviaires, fièvre aphteuse). Enfin, après les étapes jennérienne et pastorienne, une autre révolution, issue de l’essor des sciences génomiques, survient à la fin des années 70 et est encore en cours d’évolution.

Caractéristiques et Particularités
: Les vaccins vétérinaires sont représentatifs de ces évolutions. Actuellement, la grande majorité des vaccins disponibles reste de conception pastorienne, mais on note la montée en puissance des vaccins de nouvelle génération, issus du génie génétique (ADNR et surtout des souches recombinantes). Déjà, l’apparition des premiers vaccins à ADN nu préfigure l’évolution, à moyen terme, de la nature des vaccins. Cette évolution a poursuivi l’objectif d’atteindre l’équilibre le plus satisfaisant de la balance efficacité/innocuité à des conditions économiques acceptables en pratique. L’originalité des vaccins vétérinaires tient souvent aussi à d’autres caractéristiques découlant des défis qui doivent être surmontés en pratique : grande diversité des espèces-cibles (les vaccins pour poissons, inexistants il y a 30 ou 40 ans, sont nombreux à arriver sur le marché) avec, pour corollaire, des adaptations de formulation pour tenir compte des différences des systèmes responsables de la protection, aspects économiques et zootechniques (nécessité d’un coût maitrisé, voies et méthodes d’administration adaptées aux conditions d’élevage et qui sont souvent originales (administration par nébulisation, vaccination in ovo, vaccination par appât, balnéation pour les poissons…), adjonction fréquente d’adjuvants de l’immunité et diversité de ces derniers, protocoles de vaccination adaptés aux risques et à la durée de vie très variable selon les catégories d’animaux etc...

Perspectives : Les vaccins ont participé à des succès remarquables (éradication de la peste bovine, éradication à l’échelle continentale de nombreuses maladies infectieuses, contrôle satisfaisant à des conditions économiques acceptables de très nombreuses maladies infectieuses), mais ont connu aussi des échecs (Maladies sans vaccin, effets secondaires trop marqués, parfois à long terme) ou des accidents (contaminations, inactivation insuffisante…). Chaque accident a suscité des réactions des autorités compétentes pour améliorer les méthodes de fabrication et de contrôle et a conduit à ce que nous disposions de vaccins de plus en plus sûrs. Les vaccins de nouvelle génération doivent encore améliorer cette sûreté. Les défis du futur sont nombreux, mais beaucoup sont des reliquats du siècle dernier : élaboration de vaccins efficaces pour des maladies qui n’en possèdent pas encore, mise au point rapide de nouveaux vaccins efficaces pour les maladies émergentes, prévenir ou traiter des cancers, mise au point de molécules immunitaires fortement adjuvantes ou de systèmes d’entrée par voie muqueuse de molécules antigéniques, amélioration des protocoles de vaccination et des conditions de conservation des vaccins… Il ne fait aucun doute qu’ils seront relevés. La question est plutôt : dans quel délai ? À titre d’exemple, les premières publications montrant l’efficacité de vaccins à ADN nu pour des maladies infectieuses animales datent d’il y a plus de 20 ans mais aucun n’est actuellement sur le marché. Par ailleurs, l’histoire des vaccins a montré, à chaque étape, que c’est l’affirmation d’une nouvelle théorie ou l’essor d’une autre science, parfois des progrès techniques, qui ont déterminé une avancée. Il est probable que ce sera le cas de la prochaine révolution vaccinale.


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